[Crok’Lecture] Comme un poisson dans l’arbre de Lynda Mullaly Hunt

Comme un poisson dans l’arbre de Lynda Mullaly Hunt est un régal parfait de la première à la dernière page. Le roman touche par son sujet. Il marque des points au fil des mots. Peut-être parce que je me suis reconnue dans cette peur de la jeune héroïne. Peut-être parce que la dyslexie n’est pas simple à gérer tous les jours. Peut-être parce que l’attachement envers Allie agit doucement, l’air de rien et reste irrémédiablement. Le type de personnage coup de coeur qui happe une partie de son lecteur, qui le prend dans ses filets sans envoyer plein de poudres aux yeux. La jeune fille brille par sa fragilité, par ses doutes, par ses peurs, ses réactions envers son entourage. J’ai aimé ce petit être pas encore totalement grand mais pas si petit. Ce petit bout du haut de ses 12 ans qui connait des difficultés.

Résumé:
Un poisson ne sait pas grimper aux arbres, mais ça ne veut pas dire qu’il est stupide pour autant.
Allie, 12ans, a un secret inavouable, elle ne sait pas lire. Elle est parvenue à bien le cacher à l’école, mais cela lui pèse de plus en plus. Elle en a assez qu’on la prenne pour une idiote.
Tout change le jour où un nouveau professeur arrive : il s’intéresse à tous les élèves et essaie de comprendre les difficultés de chacun.
Saura-t-il trouver une solution au problème d’Allie ?

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Mon avis:

L’auteure parvient à poser les problèmes liés à la dyslexie avec tact, force, intensité. Les dédales que les enfants touchés peuvent rencontrer son bien démontrés: les moqueries, les méthodes d’apprentissage pas toujours adaptées, l’entêtement à croire que ça vient de nous et pas de la manière de présenter les informations, les professeurs qui passent à côté sans jamais rien voir, la solitude face aux doutes, ce petit manque de confiance en soi qui mine parfois suite aux résultats médiocres malgré des efforts…

Le ton ne tombe jamais dans le larmoyant, dans le ridicule, l’apitoiement, non, il se met à la portée sans mièvrerie pour dépeindre la dyslexie. Allie a une intelligence brillante, elle cache une maladie. Car oui, la dyslexie est une maladie n’en déplaise à certains. Elle est là dans l’ombre, elle paralyse, handicape dans l’apprentissage. Elle se soigne mais reste toujours présente. Il suffit d’une main tendue, de la bonne personne pour panser les troubles. Personne n’a jamais recherché à savoir pourquoi la jeune adolescente avait des notes mauvaises, des difficultés récurrentes. Le métier de son père n’a pas aidé à détecter sa souffrance. Ni les enseignants croisés sur sa route, jusqu’à M. Daniels.

Le regard se pose sur la dyslexie, il voit ses questions abordées avec une simplicité, une mise à niveau qui permet de voir le pourquoi du comment de cette maladie. L’auteure pose des solutions. Explique que non, être atteint de dyslexie ne signifie pas être bête, stupide… Non, l’enfant n’est pas le cancre que l’on peut lui laisser croire. C’est juste que le cerveau n’offre pas la même route pour expliquer, apprendre, comprendre. Allie se croit nouille, crétine, elle se le répète sans arrêt. J’ai eu le coeur en morceaux de lire ses pensées. La douleur morale se pose durement. L’héroïne compense son handicap par un sens de la répartie, de la débrouillardise qui laisse admiratif. Elle est divine, attachante, brillante. Les coups de sorts l’affectent mais elle rebondit, elle ne dépérit pas dans son coin. J’ai adoré ce côté du personnage. Comme les liens avec son frère, l’histoire des pièces, les relations avec ses camarades…

Allie se croit incapable d’avoir une vie normale, d’avoir des amis. Des élèves vont lui démontrer qu’être différent a du bon et que nul n’a besoin d’être Einstein pour connaître l’amitié. J’ai eu une énorme bouffée de tendresse pour Albert. Une grosse venant du plus profond de mon coeur. Un petit bonhomme qui mérite d’être connu. L’une des pépites du roman, avec Keisha, M. Daniels. J’ai eu des larmes, des sourires, des papillons. J’ai apprécié voir Allie aidée entourée et soutenue. J’ai aimé cette rencontre qui bouleverse à jamais son existence. M. Daniels lui offre une magnifique nouvelle étape pour avancer. Ses méthodes sont surprenantes. Un peu d’adaptation suffit pour sortir de sa coquille de dyslexique, Allie va le découvrir et s’en trouvera métamorphoser.

Difficile de poser comme la normalité le souhaite ses idées, ses pensées quand on souffre de dyslexie. L’éducation devrait parfois s’adapter, sortir des sentiers au lieu de se terrer dans sa ligne droite. Les chemins de traverses sinueux existent. Tout se brouille dans le classique pour Allie, les mots, les lettres, rien ne sort dans le bon ordre… La dyslexie sait complexe, c’est comme un boggle, tout se mélange, tout es différent.

« J’aimerais lui faire comprendre le monde dans lequel je vis. Mais autant expliquer à une baleine à quoi ressemble la vie en forêt »

Comme un poisson dans l’arbre de Lynda Mullaly Hunt m’a offert une des plus belles lectures de mon année 2015. Pour une fois, la dyslexie est abordée avec un talent qui pousse à vouloir en savoir davantage. Le monde est différent. Chaque être a ses pointes d’intelligence. J’ai eu un vrai plaisir à suivre Allie, à l’aimer, à l’adorer même. J’ai adoré la voir évoluer, la voir s’ouvrir aux autres, apprendre à vivre, à se rendre compte que non elle n’est pas stupide. La prise de conscience de ses troubles est magnifiquement amenée. Au final, un récit d’amitié, d’apprentissage, d’ouverture d’esprit, d’acceptation… qui m’a transportée. Les personnages secondaires valent leur pesant de pépites d’or. Un livre à lire. Il est à glisser dans toutes les mains dès 8 ans. Si vous avez des enfants ou que vous en côtoyer, si vous êtes dyslexiques, si vous avez envie d’une histoire qui sort de l’ordinaire, foncez! (Et le tout sans créatures vampiriques, sorciers, dragons ou autres…)

Ma note:
10/10
Coup de coeur

Informations:
Titre anglais: Fish In A Tree
Auteure: Lynda Mullaly Hunt
Traductrice: Paola Appelius
320 pages
Editeur : Castelmore
date de parution: 16 septembre 2015
Collection : Lectures 8 – 12 ans
Prix: 2 versions papiers une adaptée à la dyslexie avec une police plus grande et plus aérée à 15,90euros et une version basique à 10,90 euros.
Disponible en version numérique à 7,99 euros
Thèmes: Tranche de vie, Apprentissage, Fiction Réaliste, Dyslexie, Contemporain.

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