Une fille facile par Louise O’Neill

Critique roman: Une fille facile par Louise O’Neill

Une fille facile le titre me hérisse les poils. Il me donne la nausée. Il cache tellement de préjugés, d’idées et de pensées derrière lui. Les écrits de Louise O’Neill dénoncent la culture du viol et le slut-shaming. Attention, c’est loin d’être une lecture douce, tendre et sans remous.

☙Synopsis:☙

« Quand tu prononces un mot comme celui-ci, tu ne peux plus faire marche arrière. Fais comme s’il ne s’était rien passé. C’est plus simple comme ça. Plus simple pour toi. »

Emma a dix-huit ans, c’est la plus jolie fille du lycée. En plus d’être belle, elle est pleine d’espoir en l’avenir. Cette nuit-là, il y a une fête, et tous les regards sont braqués sur elle.

Le lendemain matin, ses parents la retrouvent inanimée devant la maison. Elle ne se souvient de rien. Tous les autres sont au courant. Les photographies prises au cours de la soirée dévoilent en détail ce qu’Emma a subi. Mais parfois, les gens refusent de voir ce qu’ils ont sous les yeux. Et si la vie d’Emma est brisée, c’est peut-être parce qu’elle l’a bien cherché.



☙Mon avis:☙

Le thème principal d’une fille facile est délicat. Comment aborder le viol et la culture du viol sans tomber dans les travers ou les extrêmes? Louise O’Neill parvient à tirer son épingle du jeu. Elle emporte le lecteur dans le drame qui frappe son héroïne Emma.

Emma, jeune lycéenne, sûre d’elle, est jolie à en faire tourner toutes les têtes. Convoitée par les garçons, détestée par les filles, elle apparaît rapidement comme un être détestable. C’est étonnant de lire son portrait. Egocentrique, égoïste, superficielle, elle est dépeint d’une manière qui ne laisse que très peu de chances de s’attacher à sa personnalité. La jeune femme traîne sa cour derrière elle. Enviée, sûre d’elle, le besoin constant d’être la meilleure, d’avoir un mot précis se dessine. C’est déroutant, étrange et fascinant dans un sens. A chercher la perfection, Emma m’a perdue dans la première partie, j’avoue. Je n’ai pas eu d’empathie, pas eu d’affection pour son personnage. Et, je me suis sentie horrible de ne pas l’aimer.

Puis, l’événement tragique se produit. Le viol, les photos, les répercussions, tout s’enchaîne. La soirée se transforme en un drame terrible. Le coeur se brise. Le récit se détache. Peu à peu, il se pare d’un je ne sais quoi qui permet d’aborder avec une justesse infinie le viol et sa culture dans la société. Emma est ce que cette dernière demande. Je me suis retrouvée avec un sentiment de rage, une colère monstrueuse et des larmes, au fur et à mesure de mon avancement. Les jugements, les avis qui accusent Emma d’être responsable de ce qu’elle a subi. J’ai eu la nausée. J’ai eu envie de défoncer des portes. Je ne peux pas expliquer sans avoir un pincement atroce au coeur le traitement que l’héroïne endure.

Emma, lors d’une soirée est droguée, abusée. Des camarades ont profité de son état d’inconscience pour utiliser son corps, l’avilir et poster des photos. Rhaa, rien que de l’écrire, j’ai envie d’hurler. J’ai un sentiment d’horreur qui m’oppresse. L’entourage de la jeune femme la pousse à porter plainte. L’affaire éclate au grand jour. La société dévoile son vrai visage.

Le parcours d’Emma se dévoile, comment survivre après cette soirée? Son évolution égratigne de biens de façons. La dépression la saisit. La reconstruction se complique par les réactions et le regard des autres. La culpabilité ronge son âme. Les mots se parent d’un dégoût, d’une révolte, d’une rage qui gronde et grandit. La peste du début s’éteint. Sa lumière se ternit. Le traumatisme l’a ruinée. Je voudrais vous dire pleins de choses sur les tourbillons qui saisissent le coeur lors de la lecture du roman. Mais, il faut le découvrir tout seul. Une fille facile se dévore, éclate et éparpille avec lui le lecteur.

Emma et son viol poussent à s’interroger sur de multiples points. L’opinion blâme la victime. Les gens pensent qu’elle a cherché cet événement. Ne serait-elle pas facile? N’aurait-elle pas mis cette petite robe pour attiser les hormones des garçons? J’ai eu la nausée. Sérieusement. Combien de personnes soufflent à Emma qu’elle gâche la vie de ses camarades en les accusant? Je suis révoltée. J’ai mal. J’ai crié. Cette société qui juge la victime sur sa tenue, ses actes et non le ou les responsables des actes immondes. La triste réalité s’éparpille sur les pages. La fin m’a donné envie d’hurler. Et m’a retenue.

Une fille facile de Louise O’Neill s’avère une lecture violente. Difficile. Brutale. Intense. Elle dénonce un sujet qui mérite de s’arrêter, de se pointer du doigt et de se découvrir. Le consentement abordé par la trame a su être traité avec une justesse incroyable par son auteure. Elle le met sur le devant de la scène avec l’abus sexuel qu’a subi son héroïne. Elle se montre effrayante dans sa manière réaliste de poser ses mots. Ce roman ne laisse pas indifférent. Il marque l’esprit. Il reste présent longtemps après la dernière page.

☙Ma note:☙

?7+/10?

☙Informations:☙

Titre original : Asking For It (2015)

Auteur: Louise O’Neill
283 pages
Editeur : Stéphane Marsan
Collection : Stéphane Marsan
Date de parution: 16 mai 2018
Prix papier : 18 euros
Prix numérique : 9,99 euros
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Lu via NetGalley
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1 commentaire sur “Une fille facile par Louise O’Neill

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