[Avis] La Papesse Jeanne mythe ou réalité?

La Papesse Jeanne le titre et l’affiche donnent l’impression d’un film historique, souvent j’évite ce genre d’oeuvre. Le DVD m’a agréablement surprise dès les premières minutes. Je me suis retrouvée scotcher à mon canapé pendant plus de deux heures. Deux heures que je n’ai pas vu passer. Deux heures d’immersion dans la vie de Johanna/ Jeanne fille de pasteur. Deux heures d’émotions.

Plongé en plein coeur du IXe siècle, le public en prend plein la vue. L’histoire commence par la naissance de l’héroïne Jeanne (remarquable Johanna Wokalek) , l’apprentissage de la lecture, du latin, de la religion avec son frère, la violence du paternel, l’enfance particulièrement rude pour une fille à cette époque. Le moyen-âge dépeint s’avère cruel, impitoyable, bluffant de réalisme. Un vrai dépaysement du début à la fin, comme si une machine à remonter le temps vous transportez pour assister à la vie des personnages.

Les décors, les costumes, les personnages sont plus vrais que nature. Des visages connus se prêtent au jeu de la question légende ou vérité sur la femme qui fut Pape. Une belle occasion de retrouver David Wenham (300, Le seignur des Anneaux) et John Goodman (The Big Lewosky, O’Brother) dans une oeuvre épique somptueuse. Tous les acteurs ont des rôles qu’ils réussissent à rendre réel en passant du père de Jeanne exécrable au possible au moine.

Au delà de la croyance, la Papesse Jeanne montre un combat, celui d’une femme qui restera déterminée jusqu’à la fin. Une jeune fille qui grandira pour atteindre un destin peu ordinaire. Par amour pour la foi, Jeanne se travestira. Elle prendra l’habit des moines, se pliera à leurs règles, accèdera à l’éducation. L’ensemble des sujets est montré du doigt, traité d’une manière simple sans accuser. Juste un témoignage ou une ébauche de réponse sur un personnage historique et une période pas si rose que ça. La religion a son lot de vérités, de mensonges et de secrets. Les hommes à sa tête n’ont pas échappés aux plans pour accéder au pouvoir. L’héroïne en fait les frais. Seule contre tous, elle se bat pour améliorer le sort des hommes et des femmes sans distinction de sexe. Elle souhaite une école pour les femmes que leur but ne soit pas uniquement de mettre au monde des enfants. Une vraie révolution des moeurs, à une époque où le rôle du « sexe faible » se résumer à tenir la maison, cuisiner et être une bonne mère et épouse.

Jeanne représente bien plus que cela. Elle dépasse par sa culture, sa gentillesse, son intelligence nombre de ses confrères. Sa vie est narrée dans une succession de scènes enchaînant divers phases d’émotions: violence, douceur, tendresse, peur, amour, amitié, altruisme… Tout un panel passe à l’écran. L’actrice principale offre un visage d’une beauté intemporelle, vous savez cette beauté qui dépasse le physique tout en le prenant en compte. Johanna Wokalek contribue pour beaucoup au charme de la Papesse Jeanne. Elle réussit à transmettre une batterie incroyable de sentiments. Son regard se transforme selon son interlocuteur, il remplit d’un espoir, d’une foi en l’être humain.

Synopsis : La vie de Johanna von Ingelheim, une Catholique allemande d’origine anglaise, qui se fit passer pour un homme afin de rejoindre le Vatican…

Un très beau long métrage historique entre légende et vérité mené d’une main de maître par Sönke Wortmann. Une petite perle à découvrir. La Papesse Jeanne a-t-elle existée? A-t-elle tenu l’église catholique entre ses mains pendant deux ans et demi en bernant les hommes sur son identité? Découverte à sa mort par tous, laissant un enfant derrière soi. Quoi qu’il en soit, ici, nous dépassons la religion, nous touchons l’âme des hommes, leur soif de pouvoir, leur guerre intestine, leur esprit étroit, leur peur de voir l’apprentissage se propager aux femmes. Joliment travaillé, les aventures de la naissance à la fin de son règne, la Papesse tient en haleine, touche une corde sensible malgré quelques longueurs.

Bonus:

Making of: pour prolonger le film. Excellent comme le film.

Note: 8/10

Distributeur: M6

Durée: 140 minutes

Photos: Copyright Constantin Film

DVD appartenant à l’opération Cinétrafic

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