[Avis] Cloclo réalisé par Florent Emilio-Siri: Magnolia for ever

Synopsis :

Cloclo, c’est le destin tragique d’une icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l’heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes…
Cloclo ou le portrait d’un homme complexe, multiple ; toujours pressé, profondément moderne et prêt à tout pour se faire aimer.

Avis :

Belle belle belle

Oh le dilemme. Pour quelqu’un ayant grandi avec les tubes de Claude François, (j’ai un père fan de Cloclo et je connaissais une dizaine de titre par cœur) un Biopic sur cette star des année yéyé devrait normalement me combler de joie … et bien pas tant que ça.
Tout d’abord je n’aime plus beaucoup écouter Claude François tout comme je ne regarde plus du tout de Louis de Funes, cela fait partie de mon enfance et je ne le renie, bien au contraire, j’aurais toujours la nostalgie des cassettes audio que mon père passait très souvent dans notre 205 rouge et entendre Belle belle belle, me rappellera toujours de bon souvenir mais j’ai grandi. Cette part d’enfance et de fascination pour ce showman c’est bigrement réduite en grandissant.
Cette vague de biopic que nous avons eu ces dernières années commence sérieusement à m’agacer, rien que la semaine dernière nous avons eu « La Dame de fer » sur Margaret Thatcher qui n’était pas très réussi (pour rester poli). Et là voici Cloclo et attention : le destin d’un chanteur populaire ! Une chose qui m’intrigua dès le début de ce projet, Florent Emilio-Siri le réalisateur du, oh combien réussi, « Nid de guêpes » l’un des seuls films d’actions valables sur notre contré (remake non avoué d’Assaut de Carpenter).
Donc, à l’arrivée que reste t’il ?


Un film de 2h28 sur une idole française qui ne voulait pas vieillir et tout contrôler.
J’ai compris que je ne connaissais pas beaucoup la vie de Claude François et j’ai appris une foule de détails impressionnante à son sujet mais je n’ai pas l’impression de connaître le personnage. D’ailleurs je sais que ce n’est pas un film à charge contre lui mais je n’ai pas apprécié le « Cloclo » du film, je l’ai même trouvé très antipathique. Dur d’aimer un film où l’on trouve le personnage principal détestable. Alors OK c’était une « bête de scène », un grand travailleur, un séducteur, un artiste perfectionniste conscient de ses limites comme le montre certaines scènes. Mais j’sais pas moi, le personnage central d’une histoire doit être un peu sympathique pour que l’on s’accroche à lui et ici rien. Enfin peut-être que j’étais pas d’humeur mais le coup du traumatisme du père qui est déçu du choix de carrière du fils et à des milles du traitement dans « Walk The Line » où l’on se sentait complice du désarroi de Johnny Cash.

L'idole des filles

Ces histoires d’amours sont traitées sans assez de recul, là encore Claude François paraît redoutablement antipathique et je n’ai pas assez d’explication de pourquoi il agit comme cela. Imaginez un peu le « quidam moyen » suivant une femme qu’il désire en lui créant un accident, n’importe qui aurait pensé que c’est un forcené. Mais non, là c’est parfaitement judicieux puisque la mise en scène le fait passer pour un geste romantique, du grand n’importe quoi (je m’en fiche que ce soit peut-être vrai et du second niveau de lecture du réal sur le coté ambiguë, je trouve ça déplacé voilà). Ce n’est pas que je n’adhère pas à l’idée de désacraliser une icône pour la rendre plus touchante finalement car imparfaite et de ce fait proche de nous les spectateurs, c’est juste qu’ici pour ma part l’identification ne fonctionne pas.

La mise en scène est une surprise, quelques plan-séquences impeccablement filmés sont réellement bluffant et sont justifiés scénaristiquement. Par contre au niveau de l’enchainement ce n’est pas vraiment ça, je m’explique. Peut-être que je connais trop certains titre de l’artiste mais vraiment j’ai trouvé les filiations vie privée / morceaux connus trop clichés. En plus on les voit venir à des kilomètres, le premier tube (« Belle Belle Belle ») mis à part le reste n’est que trop facilement exploité dans le scénario. Un exemple, la chanson « Le Mal Aimé » trouvé par son imprésario (genre du twist : gros plan sur lui qui réfléchit au resto pendant que Cloclo se plaint, comment dire, hum). Et son plus grand tube est assez mal traité lui aussi, la mise en scène gomme l’émoi qui aurait pu se dégager de se titre (« Comme d’Habitude »).

Certains pans de l’histoire plus personnels, sont mieux traités, la partie sur ses enfants (le morceau le plus « à charge » du film) est particulièrement touchante. Mais encore une fois le récit ne s’attarde pas sur ces épisodes là, j’ai paradoxalement plus été touché par l’histoire de ses compagnes que la sienne et ce n’est pas logique. L’entourage est d’ailleurs l’une des réussites dans ce film, particulièrement le casting féminin. La partie « sombre » du personnage (toujours important dans un biopic bien entendu), son besoin de contrôle de tout (y compris ces compagnes) de manière disproportionnée pouvait rendre ce personnage tragique et lui donner une dimension d’icône cinématographique, mais ici je n’ai pas eu cette sensation, sans cesse l’impression de ne voir que du jeu d’acteur, de très bon acteurs parfois, mais juste des acteurs et avec tous les passages obligés dans ce type de films. Ce n’est peut être pas le film c’est juste que j’ai vu trop de biopics et celui-ci n’a rien de novateur dans sa structure. Ok pour un film français il est toujours mieux réalisé que 80 % de la production mais ce n’est pas suffisant.

Note: :?:

Aterraki

En salle le 14 mars 2012

Distributeur: StudioCanal

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