[Avis] [Adaptation] L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet d’après l’oeuvre de Larsen

Jean-Pierre Jeunet m’avait séduite avec son Amélie Poulain. Un des films qui restent une grande bouffée de bonheur à mes yeux. Je n’ai pas vu Micmacs à tire-larigot (2009). Le réalisateur revient avec une adaptation du roman de Reif Larsen. Une pépite que j’ai dévoré après la projection. Je n’ai pas réussi à la lâcher avant de finir la lecture.

L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est une sorte de road trip transporte et invite le spectateur à le suivre dans un semblant de road trip, un conte doux comme un nuage avec son jeune héros. Le petit garçon touche tout de suite par son originalité.

Tout en restant dans le siège, le voyage part du Montana, cadre sublime, posé hors du temps, loin de la modernité du 21ème siècle, TS Spivet a une famille peu banale. Un peu loufoque au premier abord. Le père sorti tout droit d’un film de cow-boy, un vrai vent frais de western perdu passe ses journées dans les terres du ranch avec ses animaux, sur son cheval, en solitaire comme Lucky Luke. La mère entomologiste semble s’occuper davantage de ses insectes que de ses enfants. La grande soeur adolescente grandit en cherchant sa place. Le frère jumeau est à l’opposé de Spivet, casse-cou, intrépide, proche de leur père. Tous les quatre forment le monde de T.S. Le petit prodige paraît perdu entre eux. Il est surprenant, il s’intéresse à des sujets nettement plus intellectuels que les enfants de son âge, il cherche des solutions, des pourquoi à tout.

 

L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet - Affiche

Synopsis:

T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa soeur Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington. Sans rien dire à sa famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis sur un train de marchandises. Mais personne là-bas n’imagine que l’heureux lauréat n’a que dix ans et qu’il porte un bien lourd secret…

Le foyer a un charme désuet, un cocon où il fait bon vivre avec ses joies et ses peines. Car justement, dans l’air, une part s’assombrie, nous devinons que

T.S court dans les champs
T.S court dans les champs

quelque chose n’est pas rose. Qu’un secret est présent, usant vicieusement les personnalités. La bande annonce ne laisse rien présager de ce point. Et quel mystère, mon coeur a eu des frissons.

Du haut de ses 10 ans, T.S. Spivet a envoyé une idée de roue à mouvement perpétuel au célèbre organisme Smithsonian, à Washington. Il remporte un prix prestigieux le Baird. S’ensuit un enchevêtrement d’événements qui va permettre au jeune héros de se libérer d’un poids. Il ment à la directrice, pour cacher son âge, et part à l’aventure pour récupérer sa récompense. A bord d’un train, T.S s’installe en clandestin dans un camping-car, la tristesse, la nostalgie des temps passés se ressent. Le coeur se sert devant la mine du petit garçon. Au delà de la rencontre avec quelques personnages, le voyage se veut extravagant par l’âge de son initiateur, par ses motivations qui se dévoilent au fur et à mesure du film.

Le calme des paysages, des montagnes, de la route parcourue, laissent les émotions s’exprimer. T.S. Spivet mène un combat intérieur. La poésie est omniprésente. Chaque parcelle donne une idée de rêve, de temps arrêté. Chaque image est une magnifique photographie, douce, colorée, sortie d’une oeuvre digne d’un imaginaire haut en couleur. Les anecdotes ponctuent le rythme. Elles permettent de désarmorcer la situation, elles sont étonnantes comme dans Amélie Poulain, elles happent, surprennent, émerveillent et apportent une touche plus tendre aux faits énoncés. (Comme l’explication du prénom de T.S.)

Jean-Pierre Jeunet propose une famille qui m’a émue. Les liens entre chaque personnage m’a attendrie. Le casting est époustouflant du plus petit au plus grand. Une douleur vive les relie tous. Elle se cache en eux chacun la couvant à leur manière. Les acteurs ont une accroche irrésistible qui prolonge la séduction des mots et des fonds.

La Famille Spivet au grand complet
La Famille Spivet au grand complet

Commençons par Spivet tout simplement divin, un charisme infernal pour un gamin, Kyle Catlett colle parfaitement à T.S, un peu perdu, sensible. Callum Keith Rennie est parfait dans le rôle du père, pilier de famille qui souffre en silence, en restant sur son cheval, il agit plus qu’il ne parle. Helena Bonham-Carter, m’a littéralement envoutée. Le Docteur Clair, la scientifique de la tribu, au fil de l’histoire, son incessante envie d’étudier trouve une raison dans le secret familial. Elle est parfaite en mère aimante, maladroite avec les grille-pain, une femme imparfaite, qui se noie pour oublier qui s’interroge sur elle-même et sur ses enfants. La soeur, Gracie jouée par Niamh Wilson est une très belle découverte, fraîche, migonne. Jakob Davies a le rôle le plus important dans un sens, le jumeau est captivant par son côté « je suis sûr de moi » purement hallucinant pour son âge. Sans oublier, le chien qui m’a retiré des larmes dans plusieurs séquences émotions. Tout ce petit monde forme une famille atypique, imparfaite, elle m’a séduite.

A noter, étrangement, je n’ai pas été dérangée par la dimension intemporelle, comme si l’action pouvait se passer de nos jours où à des années d’ici. Alors que dans Les Amants du Texas ça m’avait un tantinet frustrée. J’ai plus eu le sentiment qu’un poids pesé sur leurs épaules. Quand le voile se lève, le coeur se sert. Les yeux se font pétillants. La maison est marquée par un drame. Le choc se créée, prend au dépourvu.

Le chemin choisit par T.S se comprend tout d’un coup. Les protagonistes évoluent au fur et à mesure du voyage de T.S. Ca peut paraître déroutant la tournure et les silences, ils ont une explication à la fin. J’ai été émue, j’ai vu un petit bijou surprenant. Tous les êtres qui approchent T.S changent, le chemin parcourut les touchent au plus profond d’eux.

Pour les rôles secondaires, les deux rencontres coup de coeur: Dominique Pinon, dans son rôle de clochard – la fable du Pin fait rêver- et le routier- j’ai cru qu’il était un tueur psychopathe-. Judy Davis est drôle, elle est décalé comme tout le reste. Ils voient tous une part de T.S. La musique country et le reste de la bande originale est sublime.

L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est un conte pour petits et grands. Il donne la sensation d’être dans un conte avec son lot d’émotions. Le deuil pousse chacun à réagir différemment à 10 ans les réactions ne sont pas les mêmes qu’à 16 ou plus. La douceur infinie du traitement du sujet prend le spectateur. Jeunet réussit à mettre en image une très belle histoire. Le ton se veut lent pour accentuer les émotions du héros, le temps de s’infiltrer et de se prendre d’affection pour lui. Prévoyez des mouchoirs

Vu en 3D.

Ps: film vu en famille avec 4 1/2, 6 et 8 ans. Les 3 sont unanimes devant: un coup de coeur.

Note:

9/10

Plus d’informations:

Sortie: 16 octobre 2013/ Distributeur: Gaumont / Genre: Aventure , Drame , Famille

Casting: Helena Bonham Carter, Robert Maillet, Judy Davis, Callum Keith Rennie, Dominique Pinon, Jakob Davies, Julian Richings, Kyle Catlett, Niamh Wilson

Pour les fans d’adaptation, vous pouvez lire le roman de Reif LARSEN aux Editions Livre de poche. Je vous le conseille, un petit trésor comme le long métrage. 

Concours express pour des places par ici. (un clic pour s’y rendre).

4 commentaires sur “[Avis] [Adaptation] L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet d’après l’oeuvre de Larsen

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