[Avis] A l’Ombre de la République de Stéphane Mercurio

A l'ombre de la république l'affiche

Synopsis :

Pour la première fois, après trois ans d’existence, le CGLPL (Contrôle général des lieux de privation de liberté) accepte qu’une équipe de tournage le suive dans son travail, minutieux, essentiel de contrôle des droits fondamentaux dans les prisons, hôpitaux psychiatriques, commissariats… Stéphane Mercurio a suivi une quinzaine de contrôleurs. Leurs lieux de mission : la maison d’arrêt de femmes de Versailles, l’hôpital psychiatrique d’Evreux, la Centrale de l’île de Ré, et enfin la toute nouvelle prison de Bourg-en-Bresse. Pendant ces quelques semaines d’immersion à leurs côtés au coeur des quartiers disciplinaires, dans les cours de promenade des prisons ou dans le secret des chambres d’isolement, un voile se lève sur l’enfermement et la réalité des droits fondamentaux en ces lieux.

Avis :

Lors de son précédent film « À côté » co-écrit avec Anna Zisman 
 (Prix du public et prix du film français Festival Entre Vues de Belfort 2007) la réalisatrice Stéphane Mercurio donnait la parole aux familles des prisonniers, avec ce film la réalisatrice approfondit son travail en passant cette fois derrière le mur des lieux d’incarcération. Pour cela elle suit des équipes du CGLPL. « Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté », une autorité administrative indépendante dont la mission est de veiller au respect des droits fondamentaux des personnes incarcérées dans tous les lieux de privation de libertés : les prisons, les hôpitaux psychiatriques, les centres et locaux 
de rétention administrative, les zones d’attente…

Le contrôleur général, Jean-Marie Delarue a accepté l’idée d’un film documentaire après avoir vu son précèdent film. Il faut savoir que les « contrôleurs » du CGLPL peuvent à tout moment visiter n’importe quel lieu de privation de liberté. C’est cette réalité dont la république se fait pourtant discrète et l’opportunité d’accueillir ces témoignages qui a séduite Stépane Mercurio.

Nous suivons donc plusieurs contrôleurs en prenant leur point de vue dans un premiers lieu, une prison pour femme « à taille humaine » la maison d’arrêt de Versailles. Les premières personnes filmées, le sont de dos ou leur visages est flouté, d’ailleurs les seules personnes qui apparaitrons, l’auront choisi (cela à apparemment posé problèmes à certains instituts de rétention mais qui n’ont pas choisi de censurer ses passages). Il y a une certaine gêne à observer des personnes privées de leurs libertés s’exprimer de leurs conditions de détention, on se sent un peu voyeur, attention le film ne verse dans aucun manichéisme, le personnel de ces lieux n’est pas stigmatisé. Ce n’est pas non plus le propos du film de dénoncer les conditions de détention mais bel et bien de suivre ces contrôleurs qui essaient de communiquer avec des personnes qui n’ont quelque fois plus aucun contrôle de leur vie, ni aucune communication avec l’extérieur. L’hôpital psychiatrique de la Navarre (Evreux) est la seconde visite est ainsi plus difficile à regardr, les personnes qui témoignes m’ont plus touché ou gêné. Elle montre parallèlement les abus que certaines situations peuvent engendrer. Le manque d’écoute souvent dans le témoignage des personnes. Ce manque d’écoute se traduisant par une perte d’espoir est particulièrement abordé durant le film.

Le dernier lieu est la centrale de Saint-Martin De Ré qui abrite principalement des longues peines, dont une trentaine de détenus à perpétuité. Comme le dit l’un des détenus, ici ce sont les oubliés des oubliés. La plupart des personnes interrogées ne contestent pas les erreurs qui les ont conduit dans leur situation, au contraire ils s’assument leur peine mais d’autres démontrent les limites du système de justice quand certaines peines dépassent un certain seuil, il ne reste plus d’espoir. Les questions soulevées par ce film sont difficiles à appréhender, en écrire un avis l’est aussi.

La mise en scène réussit avec sobriété à nous communiquer le désarroi et l’ennui (pour ne pas dire pire) qu’il existe dans ces endroits avec un grande humanité. Le films est ponctué de photographies souvent très réussies nous exposant les prisonniers de dos dans ces endroits coupés de la société. Ces contrôleurs sont admirables, touchant, filmé avec la même pudeur qu’ils emploient au contact de ces personnes privées de libertés que bien souvent le système préfère oublier.

Aterraki

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